L’habitat informel au prisme du soin: implication des femmes, solidarités de voisinage et dignité du quotidien

Abstract

Les quartiers informels naissent de l’auto-organisation des foyers populaires lorsque le marché formel du logement ne leur permet pas d’accéder de façon adéquate à ce support fondamental de l’existence. Le rôle essentiel des femmes dans les quartiers informels de nombreuses régions du monde fait écho à la responsabilité sociales qu’elles ont assuré historiquement, consistant à assurer la reproduction de la vie en temps de carence économique. Cependant, la lutte pour le logement les amène à conquérir des responsabilités communautaires et politiques nouvelles, subvertissant ainsi les normes de genre traditionnelles qui cantonnent les femmes à l’espace domestique. A Antofagasta, capitale de l’industrie minière du Chili, le déséquilibre entre les loyers et les salaires des travailleurs ont amené des foyers populaires immigrés à construire leur habitat sur des terrains publics, constituant des communautés multiculturelles structurées sur l’auto-gestion du quotidien. Nourrie d’une enquête de terrain qualitative de cinq mois, la présente contribution souligne les efforts des habitantes pour assurer des conditions dignes d’existence malgré la stigmatisation de leur habitat, qualifié d’illégal par les autorités politiques. Ces quartiers informels, nommés campamentos, constituent ainsi des espaces de soin et de protection pour leurs habitants, dimension éminemment politique en ces territoires dont l’usage est en dispute.